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Les élections de Crouy-sur-Ourcq
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10 mai 2012

L'UMP et le Front national, entre guerre ouverte et œillades discrètes

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L'UMP s'est engagé dans la bataille des élections législatives, en se fixant pour ligne de conduite l'"unité" et le "rassemblement". Pourtant, la question d’une alliance avec le Front national divise dans les rangs de la droite.

À peine la défaite de son chef encaissée, l’UMP repart au combat. Les querelles d’ego pour prendre la succession du président battu à la tête du parti de droite sont momentanément mises de côté, le camp de Nicolas Sarkozy n’a qu’un mot d’ordre : jeter toutes ses forces dans la bataille des législatives, dont le premier tour aura lieu le 10 juin. Car après avoir successivement perdu les cantonales, les municipales, les régionales, le Sénat, et la présidence, il est hors de question, pour l’UMP, de perdre l'Assemblée. La droite veut donc jouer l’union sacrée.

Mais maintenir un semblant d'unité est aujourd’hui une véritable gageure. Avec un Parti socialiste très en forme depuis qu’il a retrouvé le pouvoir après 17 années d’absence, un Front national avec le vent en poupe, et un MoDem qui compte bien ne pas disparaître de la scène politique, combien d’élus UMP seront "encore debout à la mi-juin ?", s’interroge le Nouvel Observateur. D’autant qu’en interne, face aux risques de possibles triangulaires UMP-FN-PS aux législatives, les dissensions commencent à poindre.

D’après certaines projections, en effet, le Front national serait susceptible d’atteindre 12,5 % des inscrits dans 345 des 566 circonscriptions françaises lors du premier tour. Il pourrait donc se maintenir au second tour et provoquer des triangulaires bien mal venues pour l’UMP… Malgré les multiples appels à "l’unité" pour ne pas signer une nouvelle défaite cinglante le 17 juin, les différentes chapelles de droite – Droite populaire, Droite sociale, Humanistes – n’hésitent plus à ouvertement s’écharper sur la question d’éventuels accords électoraux entre droite et extrême droite.

33 % des électeurs de l’UMP favorables à une alliance avec le FN en cas de triangulaire

Selon un sondage Viavoice pour Libération paru ce mercredi, 62 % des électeurs seraient pourtant opposés à ce que l’UMP et le FN fassent alliance. Mais ce chiffre est à relativiser. Car en cas de triangulaire défavorable à l’UMP, un tiers des électeurs de droite estiment que leur formation politique doit appeler à voter FN pour battre le candidat socialiste. Ils étaient 64 % à appeler une alliance de leurs vœux il y a encore un mois. "L’UMP est donc sous la pression de sa propre base sur ce sujet crucial pour son avenir", constate Antoine Guiral, journaliste à Libération.

D’un côté, des personnalités telles que Nathalie Kosciusko-Morizet (porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy), Chantal Jouanno (sénatrice UMP de Paris), ou encore Jean-François Copé (secrétaire général de l’UMP) ont, entre les deux tours, balayé d’un revers de la main une éventuelle alliance avec le FN. Une prise de position qui leur vaut de se trouver aujourd’hui dans le viseur de nombreux cadres frontistes. "Il existe une liste noire de personnalités qui ont déclaré explicitement qu’elles préféreraient un candidat socialo-communiste au Front national", a récemment lâché Bruno Gollnisch, candidat du FN dans le Var. "[Ils sont] responsables de l’exclusion scandaleuse du Front national dans la représentation nationale, ce Parlement où nous n'avons ni député ni sénateur pour porter la souffrance et les espérances des 6,5 millions d'électeurs qui ont voté Marine Le Pen", a-t-il ajouté.

Faut-il rester dans des "blocages idéologiques" ?

Pourtant, signe de la fébrilité latente à l’UMP, certains élus de droite seraient, eux, prêts à faire tomber le tabou. De tradition politique, jamais encore un parti républicain n’a officiellement soutenu une alliance avec l’extrême droite. Le 1er mai, pourtant, le ministre de la Défense Gérard Longuet avait déclaré qu'il voyait en Marine Le Pen un "interlocuteur" potentiel, avant de se rétracter quelques heures plus tard. Jean-Paul Garraud, député UMP de la Gironde et membre du collectif la Droite populaire (la mouvance de l'UMP la moins hermétique aux idées du FN), a, lui, clairement évoqué un "rapprochement" avec le parti frontiste, se défendant toutefois de prôner une "alliance".

Après tout, argue-t-il, Nicolas Sarkozy avait ouvert la boîte de Pandore en orientant les débats vers les sujets de l’immigration et de l’insécurité pendant la campagne présidentielle. "Une majorité d’électeurs de l’UMP et du FN veulent un rapprochement. Qu’est-ce qui est le plus important pour la France ? Cette question seule doit nous guider. On devient pragmatique ou on reste dans les blocages idéologiques ?" , s’est-il publiquement interrogé, craignant plus que tout la concentration de tous les pouvoirs entre les mains de la gauche.

Des ententes FN-UMP au "cas par cas" pour Marine Le Pen

Cet accord évoqué du bout des lèvres par certaines personnalités de l'UMP trouve-t-il un écho favorable chez les pontes du Front national ? La présidente du parti d'extrême droite, Marine Le Pen, tergiverse sur la ligne de conduite à tenir. Si elle était jusqu’à présent opposée à tout rapprochement avec le parti de Nicolas Sarkozy, il semblerait qu’elle change aujourd’hui son fusil d’épaule. La fille de Jean-Marie Le Pen a déclaré mercredi 9 mai ne pas être fermée à une "entente" et à des "discussions", "au cas par cas", avec des candidats UMP, dans un entretien à paraître jeudi dans Valeurs actuelles.

Une déclaration qui constraste avec les récentes prises de positions de son parti qui avait juré que le FN compterait dans le futur paysage politique sans alliances et sans compromissions. La déclaration de la présidente du FN n’a rien d’étonnant pour Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). "L’option privilégiée reste évidemment de gagner sans alliance avec la droite. Mais dans le cadre du scrutin de juin, la déclaration de Marine Le Pen n’a rien d’inédit. Elle s’est souvent opposée à un accord au niveau national, mais pas au niveau local. En 1983, lors des municipales de Dreux, le RPR s’était allié au FN. En 1998, lors des régionales, il y a également eu des alliances UDF-FN, RPR-FN", rappelle l’expert. "Ils ont tous été sanctionnés certes, mais le tabou était déjà tombé."

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